Vous aviez tous les deux l'âge de votre insouciance, vingt deux ans. Mariés au mois de Juin, vous aviez fui sur les routes dans la petite Fiat rouge qu'il s'était acheté avec ses premières paies, direction le sud sans trop savoir où, ni jusqu'à quand. Vous aviez longé la cote d'azur, émerveillés de tant de lumière et de chaleur dans l'été naissant, ne vous arrêtant le soir que pour planter une petite tente au bord d'une pinède retirée des grands axes. Le vent dans les hautes branches berçait vos nuits claires et étoilées. Vous faisiez l'amour de façon désordonnée, inventant maladroitement ce que le monde savait depuis la nuit des temps. Le matin venu, vous repartiez plus loin, avides de découvrir encore et encore ces pays chauds qui allaient si bien avec votre besoin de liberté.
Vous avez franchi la frontière italienne, déjà à cette époque c'était facile, l'Europe dessinait ses contours que la torpeur des douaniers estompait dans des brumes chaleureuses. Vous avez filé à travers la péninsule dévorant les paysages toscans, négligeant Rome dans votre soif de conquête, gravissant des montagnes jamais pénibles, la petite voiture vrombissant régulièrement, vous avez débouché dans le soir rosé sur une plaine où, au-delà , vous deviniez la mer Adriatique.
Sur le port de Bari il est facile de trouver un billet de ferry pour la Grèce. Vous avez passé la nuit sur le port, dans votre petite voiture, à peine fatigués mais toujours aussi exaltés par cette liberté qui vous portait au bout de vos rêves.
La traversé fut une croisière merveilleuse, le bateau labourait la mer et creusait son sillon d'écume sous son étrave. Comme des gosses, vous vous penchiez au bastingage pour apercevoir les dauphins qui jouaient dans les vagues. Quand la cote grecque est sortie de la mer, vous avez ressenti un immense bonheur, en même temps vous arrivaient des effluves mêlés qui enivraient vos narines. Longtemps vous avez humé l'air chaud venu de la terre et qui vous racontait une histoire nouvelle.
Une fois de plus, la douane de Patras ne fut qu'une formalité vite expédié et le douanier grec et somnolant n'a même pas jeté un regard sur vos papiers.
Vous vous êtes lancé sur les petites routes du Péloponnèse avec une joie toute nouvelle, ivres de cette liberté qui allait marquer votre jeunesse, vous arrêtant dans les villages, vous nourrissant de ces légumes et de ces fruits que vous proposaient des paysans grecs trapus et mal rasés. Le soir il y avait toujours une chambre pour accueillir vos corps épuisés de soleil mais avides d'amour. Le monde était une merveille, un ciel bleu à perpétuité, un soleil jamais épuisé de caresser vos corps de sa chaleur féroce.
Comment s'appelait il déjà ce petit port près de Kalamata tout au sud du Péloponnèse? Vous en avez oublié le nom depuis bien longtemps. Ce dont vous vous rappelez c'est de cette route poussiéreuse, en lacet qui semblait monter au ciel au milieu de cet univers aride fait de garigue et qui soudain a basculé vers le bleu intense de la Méditerranée. Vous en êtes resté bouche bée. Il a arrêté la voiture au milieu de l'été grec et sans un mot, enveloppés du silence habité des grillons, vous avez contemplé cette merveille sauvage.
Vous êtes resté là sur la route, immobiles et solitaires, au bord du ravin et de la petite route qui menait à la mer.
Et puis, reprenant peu à peu vos esprits, vous avez repris votre chemin jusqu'au village suivant. Un petit port hors du temps vous attendait au fond d'une crique entourée de hautes falaises. Vous avez abandonné la voiture à l'ombre de platanes, sur une petite place entourée de bistros où des hommes assis aux tables vous regardaient en mâchonnant des pistaches.
Main dans la main, vous avez fait le tour du port où se balançaient les caïques indolents sous l'été. Par de petites rues ombragées, vous êtes revenus sur la place, vous aviez soif et vous vous êtes attablé à un de ces bistros. Il y avait quelque part de la musique qui s'échappait en sourdine. Une guitare grecque jouait une musique typique qui vous a envoûtée immédiatement. Subitement vous avez pensé être au bout de votre chemin. D'un commun accord, vous avez pensé avoir atteint le but de votre voyage et votre détente a soudain été complète, comme si vous aviez été chez vous.
Vous êtes restés là longtemps les yeux dans le vague à contempler la vie qui s'écoulait paisible dans la lumière violente de l'après midi grec. Le soir vous avez demandé à dîner et puis à coucher. Vous vous êtes laisser envoûter par ce semblant de paradis qui s'offrait comme un fruit dont vous ne voyiez que la face mure et appétissante et qui vous cachait le coté gâté.
Une petite chambre au fond d'un patio ombrager a accueilli vos maigres bagages. Le patron des lieux, qui n'était guère différent de ses congénères vous a ouvert la porte avec un large sourire. Vous ne compreniez rien de ce que cet homme entre deux âges essayait de vous dire, mais qu'importait après tout? Un confort spartiate suffisait à cacher vos amours neuves et le lit, même étroit vous a semblé d'un confort de palace.
Très vite vous avez pris vos marques dans cet univers confiné à la désinvolture feinte. Vous vous leviez tard, déjeunant dans le patio de café et de fruits que vous trouviez quotidiennement dans une corbeille. Vous riiez beaucoup, plaisantant avec le maître des lieux qui semblait vivre seul ici. Vous avez appris qu'il était pêcheur quand il vous a proposé sa pêche en guise de dîner. Auparavant vous aviez beaucoup bu de cet ouzo dont chacun ici faisait une consommation immodérée et qui rendait tout le monde gai quand l'heure était venue de prendre un peu de frais aux terrasses sur la place. Pour vous, cela se passait dans le patio, autour d'une table de jardin qui servait aussi aux repas. Votre hôte vous cuisinait sa pêche sur un barbecue et vous mangiez avec lui dans la nuit chaude de l'été.
Le lendemain il a invité un autre pêcheur, un ami à lui et tous les quatre vous avez beaucoup bu d'ouzo et de résiné. Les grecs parlaient forts, ils riaient entre eux et vous suiviez mal leur conversation. Un fond de musique accompagnait cette joyeuse compagnie, et dans la nuit grecque un des hommes s'est levé, il a esquissé des pas de danse et il l'a invitée à se lever et à le suivre dans ses entrechats. Elle a observé les pieds du marin qui glissait sur le sol pavé du patio et Elle l'a suivi dans la danse. Ils se sont mis à virevolter tous les deux, Lui, Il riait de bon cœur de voir ainsi sa jeune épouse s'essayer au sirtaki. L'autre marin est venu se mêler à la danse et tous les trois se sont mis à tourner dans la chaleur nocturne.
Il est resté assis sur sa chaise, regardant sa jeune épouse tourner aux bras des deux marins, Il n'était plus très sur de son jugement, Il avait confiance tant Elle semblait s'amuser. La musique n'en finissait plus, les danseurs tournaient et tournaient encore dans l'ombre douce de la cour. A-t-Il vu ces mains caressant doucement le corps souple de sa jeune épouse? En avait Il encore conscience? Etait Elle consentante ou bien le résiné et la danse lui avaient tourné la tête?
Au matin vous étiez l'un près de l'autre, serrés dans le lit étroit et le soleil était haut quand vous avez émergé des limbes de la nuit. La bouche pâteuse, le sang battant vos tempes, vous avez fait quelques pas mal assurés dans la cour. Comme à l'habitude le café vous attendait sur la table de fer et la corbeille de fruits posée à coté, débordait de délices.
L'après midi dans une crique au bord de l'eau, vous avez continué à récupérer peu à peu. Le mal de tête s'est estompé et quelques bains vous ont aidé à retrouver vos esprits. Quand vous avez regagné la maison de l'hôte, la table était déjà mise, une bonne odeur de grillade se répandait alentour et sur la table les bouteilles de vin reposaient entourées de glace. Comme vous aviez soif, votre hôte vous a versé un verre d'ouzo que vous avez savouré dans l'ombre tiède. Un peu plus tard deux autres convives sont venus vous rejoindre, dont l'un que vous connaissiez déjà de la veille et c'est donc à cinq que vous avez dîner ce soir la. Les grecs étaient faits du même moule, visiblement tous étaient des pêcheurs du coin, de petite tailles mais râblés, la peau tannée par le soleil et le sel, ils arboraient tous les trois une barbe permanente de trois jours. Ils riaient de bon cœur dans leurs barbes poivre et sel d'hommes murs.
Comme la veille le repas vous a semblé délicieux, votre hôte était un maître dans l'art de cuisiner sa pêche, il y mêlait toutes les herbes de la Grèce et l'air embaumait tout autour.
Comme la veille on but beaucoup, vous ne vous dérobiez jamais quand l'un des grecs vous proposait à boire. La tête vous tournait mais qu'importe, vous viviez votre jeunesse et il serait bien temps plus tard, une fois revenu de voyage dans la réalité de votre quotidien de reprendre le cours de vos vies.
Comme la veille il y eut de la musique et les grecs invitèrent la jeune femme à les rejoindre. Elle n'eut pas de réticence, ayant été initiée la veille, aux pas du sirtaki. C'est donc à quatre qu'Il les vit tourner devant lui, sa femme au milieu des trois hommes et tous riaient fort.
Comme la veille, des mains s'égarèrent sur son corps souple et lisse de jeune fille, des mains calleuses qui frôlaient ses seins ou bien ses fesses quand Elle venait au devant de l'un ou de l'autre. Il ne voyait rien ou pas grand chose à en dire, Elle s'amusait c'était bien là l'essentiel.
Au réveil du troisième jour, votre hôte vous attendait souriant sur le pas de votre porte. Pendant le petit déjeuner, il vous proposa une balade en mer dans son caïque, faisant l'éloge des criques inaccessibles de la cote, de la limpidité inégalée des eaux. Il avait tout préparé, les fruits, les boissons. Le poisson serait pêché en cours de route et la journée se promettait d'être merveilleuse.
Vous avez sauté sur cette occasion inespérée de visiter la cote de façon originale et tous les trois vous avez gagné le caïque sur le port. Une fois embarqué, vous avez fait route vers un autre endroit de la cote où vous attendaient les deux autres marins. Ils ont embarqué avec vous sans façon et vous avez fait route vers le large pour une partie de pêche. Quand vous avez eu votre compte de friture, le maître à bord a mis le cap vers la cote et le voyage merveilleux a commencé, de criques en criques, vous alliez d'émerveillement en émerveillement. Quand le soleil fut au zénith, bien trop chaud pour la navigation, vous avez jeté l'ancre dans un lieu proche du paradis, entouré de hautes falaises qui vous garantissaient l'ombre pour la journée.
En ce lieu, vous avez déjeuné frugalement de fruits en buvant frais le traditionnel ouzo servi généreusement et suivi de vin fort qui acheva de tourner vos têtes. Les marins aussi riaient forts en vous voyant tituber devant eux.
Bientôt Il n'eut plus une exacte conscience de la situation qu'Il vivait dans un état second quasi comateux.
Eut-Il cette vision des trois hommes qui s'approchait d'Elle? Ne riaient ils pas un peu fort quand même? Où l'entraînaient ils? Pourquoi descendre dans la cabine alors que dehors on était si bien?
Que faisaient ils donc dans la cabine, pourquoi la voyait Il se débattre faiblement alors que les trois autres lui enlevaient son soutien gorge et faisaient glisser sa culotte le long de ses jambes nues?
Ces mains sur Elle, ces mains assombries de tous ces poils, ces mains brutalement calleuses qui lui ouvraient les cuisses, qui massaient durement les seins à peine marqués de sa poitrine encore juvénile.
Il sombra dans un sommeil agité de cauchemars avant que le premier des marins ne s'abatte sur le corps frêle de la jeune femme étendue sur la banquette. Son sexe tendu et aussi trapue que le personnage chercha un instant la fente humide et s'y faufila sans trop de peine. Elle gémit en sentant ses chairs ouvertes sous le coup de reins qu'il venait de donner. Elle eut conscience qu'un sexe s'insinuait en Elle. Gémissante, Elle pensa à l'été grec et se laissa envahir d'un plaisir qui la rendait frissonnante. L'homme la besognait lourdement penché sur Elle, la sueur qui coulait à grosses gouttes de son visage épais, tombait sur la peau nacrée de la femme. De son haleine chargée, il soufflait sur son visage des relents d'ouzo et de vin tandis que ses reins puissants montaient et descendaient à un rythme qui allait crescendo.
Assis en face de lui, nerveux et tripotant leurs sexes, les deux autres, bouche bée suivaient la montée progressive du plaisir. Leur souffle était court et frémissant, en accord avec le gémissement qui montait de la banquette précaire qui accueillait le coït du marin.
Celui-ci eut un cri rauque et ses reins tressautèrent soudain, propulsant son membre au fond du vagin de sa jeune partenaire. Il eut des spasmes qui firent rebondir tout son corps sur celui qu'il couvrait. Sa jouissance se termina par un rot sonore, et cette jouissance la plongea Elle aussi dans une extase qui lui tira de petits cris presque plaintifs.
L'homme bascula sur le flanc et se remit péniblement debout, suant et soufflant il chercha quelque chose pour s'essuyer le front, tournant le regard, il se saisit du slip de celle qu'il venait de besogner et s'épongea avec le frêle tissu.
Le second était si pressé, qu'il ne vit même pas le geste du capitaine, il était déjà sur Elle et de ses reins il cherchait à la pénétrer. Son sexe s'introduit brutalement dans le vagin offert, arrachant une plainte à la jeune femme et aussitôt il alla en Elle en rapides vas et viens qui le firent jouir rapidement. Il se répandit dans son ventre en s'accompagnant de longs grognements de satisfaction qui s'éternisaient tant l'abstinence avait accumulé en lui une quantité colossale de sperme.
Quand il se retira d'Elle, une coulée blanchâtre et grasse se répandit sur la molesquine verte de la couche improvisée.
A regret, il laissa sa place au troisième larron mais son sexe était encore ferme.
Celui-ci, le plus âgé des trois considéra le corps étendu et obscène offert à son regard, il ricana dans sa barbe de trois jours, passa sa main calleuse sur l'entrejambe ouvert, renifla ses doigts et à son tour il tomba littéralement sur Elle, gémissante sous le poids qui lui était imposé Elle libéra une plainte quand le sexe de l'homme entra en son ventre. Il était supérieurement membré et l'intrusion du sexe lui étira les chairs au point de les amener à la limite de leur élasticité. Le corps de la jeune femme se cambra quand il força le passage, et une nouvelle plainte lui vint aux lèvres. Elle prit pleinement conscience de sa situation et essaya de se soustraire à lui, mais l'homme était bien trop lourd pour qu'Elle eut une quelconque chance de le basculer.
En grognant, il esquissa un va et viens qui tira des cris à sa victime, mais l'homme savait y faire, il amorça des mouvements tournants de son bassin pour assouplir et tendre encore un peu les muscles vaginaux de la jeune femme. Celle-ci gémissait à fendre l'âme sous les ricanements amusés des deux autres compères.
Petit à petit, son corps accepta le sexe fiché en Elle, Elle respirait à peine, écrasée sous le poids de l'homme qui soufflait sur Elle, lui refoulant dans le nez ses relents de vin. A coups de reins prudents il l'amenait accepter un membre qui n'était pas fait pour un corps si frêle.
Elle se mit à gémir en continu et puis au fur et à mesure que l'homme pistonnait son vagin, ses gémissements devinrent des cris de plus en plus forts, de plus en plus aigus, à tel point que ceux-ci le tirèrent de son coma....
Il se releva sur un coude, hébété, regardant autour de lui, cherchant un objet familier pour rassembler ses sens, son regard tomba sur le spectacle de son épouse les cuisses écartelées besognée durement par un gros homme poilu dont le sexe démesuré produisait un bruit obscène en allant et venant en Elle.
Il regarda sans qu'Il puisse intervenir, fasciné par le spectacle, jusqu'à la contraction spasmodique du scrotum qu'Il devinait sous les poils épais.
Les cris de l'homme se mêlaient aux cris de la femme, tous les deux atteignant ensemble le paroxysme du plaisir. Il assista aux spasmes longs et brutaux qui expulsaient des bourses du marin un sperme épais qui bouillonnait en s'écoulant hors de la fente gavée de semence.
Le regard trouble Il voyait la scène devant ses yeux et un spasme partit de son ventre lui remontant la gorge laissa dans sa bouche des bouffées aigres qui le firent grimacer. Avec difficulté, Il chercha à se relever mais sa tête se mettait à tourner à une vitesse folle et Il retomba sur le banc, bercé par le clapotis de la mer autour du caïque.
Le silence était retombé sur la scène. Les marins le regardaient un sourire ironique aux coins des lèvres. Sur la molesquine vertes sa jeune femme geignait doucement toujours étendue et Elle aussi incapable de se mouvoir.
Ils restèrent ainsi longtemps, perdant la notion du temps. Autour d'eux, les marins avaient repris le cours de leur vie, ils parlaient forts, riaient, commentaient leurs exploits avec la jeune femme. Ils se baignèrent autour du bateau, invitant les deux jeunes à les rejoindre, mais ceux-ci étaient bien trop abasourdis pour penser à un quelconque plaisir. Ils récupéraient lentement, toujours allongés dans leurs coins respectifs, incapables de se faire face pour l'instant.
Votre hôte est remonté le premier sur le bateau, il a vu le garçon affalé sur le banc à l'arrière et il est venu vers lui. En s'essayant à son coté il a entouré ses épaules de son bras musclé, le jeune homme pleurait doucement et il l'a serré contre lui. Il l'a gardé là contre son torse puissant et petit à petit il l'a consolé par gestes et par des paroles apaisantes.
Le autres hommes les ont rejoints, eux aussi ont consolé le jeune homme avec force gestes et paroles. Ils ont expliqué que l'été grec se prêtait à toutes les fantaisies, qu'il ne fallait pas être aussi formaliste, ce pays avait ses sortilèges, sa magie et qu'il ne fallait pas le prendre mal. Que la vie était ainsi, courte et imprévue qu'ils en profitaient et que tout cela était sans lendemain et sans conséquence, qu'ils étaient amis pour le reste de l'éternité.
Ils ont appelé la jeune femme, ils sont allé la chercher, l'ont prise par la main et l'ont amené dans leur cercle. Ils l'ont Elle aussi consolé, ils ont chanté pour Elle, lui ont fait mille grâces et mille courbettes, se mettant à sa disposition pour le moindre de ses désirs.
Finalement, la vie a repris son cours normal sur le caïque, chacun retrouvant le sourire, le bleu du ciel est redevenu plus pur et plus serein, le poison de la jalousie s'est délité peu à peu dans l'eau claire de la crique.
Ils se sont baignés à nouveau, cette fois les jeunes se joignant aux grecs, les larmes se sont dissoutes définitivement dans le bleu méditerranéen. Tous ont pris un plaisir infini à se baigner nu dans la limpidité tiède. Les jeux sont devenus plus charnels, les attouchements plus sensuels et à tour de rôle les marins grecs ont refaits l'amour à la jeune femme, cette fois sans drame et sous le regard souriant du garçon.
Le soir venant, vous avez repris le chemin du port, apaisés l'un et l'autre, entourés de l'amitié feinte des trois compères qui vous cajolaient de sourires et d'attention.
La nuit, vous vous êtes serré l'un contre l'autre sur le lit étroit mais vous n'avez pas fait l'amour, quelque chose vous retenait, vous aviez soudain une pudeur que vous ne vous connaissiez pas. Vous êtes restés songeurs dans les bras l'un de l'autre et Elle lui a murmuré à l'oreille " Je veux m'en aller "
Le matin suivant comme tous les autres jours, la table vous attendait au réveil ainsi que le sourire large de votre hôte. En silence vous avez avalé le petit déjeuner et puis vous avez rassemblé vos affaires pour les porter à la petite Fiat qui attendait sagement sur la place.
Mais quand Il a voulu la mettre en marche, le moteur a refusé toute sollicitation. Il a insisté jusqu'à épuiser la batterie, la rage au cœur, et penaud, vous êtes revenus chez le grec pour lui demander secours. Il s'est écrié en vous voyant ainsi sur le départ, pourquoi vouloir s'en aller ainsi, si vite et sans demander son reste! Sa maison était la votre et vous pouviez en user et même en abuser autant que vous le vouliez.
Oui bien sur il allait s'occuper de faire réparer la voiture, mais cela ne pressait pas. Quand vous lui avez fait comprendre que vous vouliez rentrer chez vous, il vous a dit que vous aviez tout l'été devant vous et il vous a invité à partager son repas. Vous avez insisté pour avoir un garagiste, il a été évasif, on était loin de tout, il fallait faire venir l'homme de loin, peut être pas avant une semaine. Devant votre désespoir, il vous a proposé de vous promener en caïque le long de la cote, vous faire découvrir des endroits encore plus paradisiaques. Devant votre peu d'enthousiasme il a insisté, il a venté les beautés de son pays, vous promettant l'inoubliable. Devant un tel bagou vous avez cédé contraints et forcés en lui faisant promettre d'appeler un garagiste, ce qu'il promit la main sur le cœur.
Vous êtes repartis en bateau dans l'après midi ensoleillé et au rythme lent des vagues le marin vous a fait voir ce que la Grèce avait de plus sauvage. La cote découpée et inhospitalière que l'on ne peut aborder que par la mer. Une beauté a envoûter les plus blasés, les plus réfractaires et les plus dépressifs. Une fois encore vous vous êtes laissé piéger par l'été grec et le sourire candide de votre guide.
Vous avez mouillé le bateau dans une profonde baie étroite qui se terminait par une grotte ou la mer entrait dans les entrailles de la terre. Vous y êtes entré en nageant, goûtant le silence solennel des lieux sombres juste écorché par le clapotis des vaguelettes. Muets de tant de beauté vous avez nagé de concert jusqu'au fond presque noir de la grotte. Le marin s'est approché de la fille, il lui a caressé les hanches sous l'eau, lui a fait remarquer la fraîche beauté sombre de la grotte. Il a guidé sa main vers son sexe, il était tendu, Elle n'en a pas été surprise. La prenant aux hanches, il l'a attiré vers lui et s'est planté en Elle. Elle a eut un léger cri quand sa fente s'est ouverte et doucement, au rythme lent des vagues, il lui a fait l'amour au fond de la grotte.
Elle l'a accepté sans réticence presque avec plaisir, Elle éprouvait un plaisir nouveau, se risquait à la comparaison avec son mari, ressentait une malsaine complicité qui se traduit par un sourire timide quand il eut pris son plaisir.
La fin de la visite se fit dans une ambiance de gaîté et de complicité nouvelle entre les trois, le marin se montrant plus que jamais attentionné envers se hôtes. Il la caressait doucement sans que le garçon ne s'en offusque. Assis sur le banc arrière du bateau, Il regardait le couple que constituaient sa femme et le marin qui ne tenait sa barre que d'une main.
Le soir il avait invité ses amis au dîner. Encore une fois, le repas fut copieusement arrosé et vous avez beaucoup bu encore une fois, pour oublier la nasse dans laquelle vous étiez, cette automobile désormais bien inutile et le manque de visibilité de votre avenir.
Les marins ont ri et chanté à tue tête en s'aidant d'une guitare, ils vous ont associé à leur beuverie jusqu'à ce que toute inhibition ait disparu et que les gestes les plus osés vous apparaissent anodins. Ils ont dansé, entraînant la femme dans leurs pas, l'enlaçant de leurs mains dures et la caressant, éveillant en Elle des frissons de plus en plus irrépressibles.
Vous ne savez plus ce qui s'est passé par la suite, peut être a-t-Il vaguement perçu que sa femme était poussée dans la maison par les trois compères, Il n'en est pas sur, sa tête lui faisait trop mal ce matin et le soleil violent ne faisait qu'aggraver sa douleur.
Au réveil Il était sur la balancelle, allongé de tout son long. Machinalement Il a cherché la présence rassurante du corps de son épouse, mais bien entendu Il était seul sur le siège qui balançait lentement au bout des chaînes. Il est resté la, incapable du moindre geste, essayant de rassembler ses souvenirs, paniqué à l'idée qu'Il avait abandonné sa femme aux mains des marins.
Peu à peu Il a ouvert les yeux sur la réalité du patio où Il se trouvait. Des bouteilles vides jonchaient le pavé de la cour. Sur la table de fer, des victuailles pèles mêles finissaient de se gâter, trois chats maigres se disputaient les restes de poissons dans le silence matinal. Péniblement Il s'est redressé sur un coude, faisant grincer la balancelle sur ses chaînes et Il a contemplé la scène. Comme sa tête ne tournait pas, Il a voulu se mettre debout et là, le monde a semblé basculer tout autour de lui. Il est resté assis dans la balancelle, attendant que le manège veuille bien s'arrêter.
Quand le sol s'est stabilisé, Il s'est levé pour aller à la recherche de son épouse. Avec précaution, Il est entré dans la maison sombre, s'appuyant des mains contre les murs. Le rez de chaussée était vide, Il a gravi les escaliers, guidé par des ronflements sonores venu de l'étage. Sur le palier supérieur un couloir lui aussi sombre, de part et d'autre des portes fermées. Il s'est avancé dans le couloir, poussant une porte puis une autre jusqu'à ce que les ronflements s'épanouissent en un puissant vrombissement. Il a écarté la porte, insinuant sa tête dans une pièce d'où montaient des effluves rances d'haleines fétides mêlées à d'autres fragrances plus charnelles..
Tout d'abord Il ne vit que des corps étendus, entremêlés dans un sommeil de plomb. La plupart étaient sombres de peau comme de poils, trois hommes gisaient sur un lit vaste, et au milieu d'eux, Il aperçut sa femme, dormant Elle aussi de ce sommeil de brute. Lentement, Il s'avança dans la pièce, contemplant la scène. Tous étaient nus bien entendu, le peu de vêtement jonchait le sol, épars. Les draps étaient dans un désordre total, souillés de tâches jaunâtres par endroit. Il vit leurs sexes, obscènes, trapus mais forts, Il vit celui qu'Il avait contemplé besognant son épouse, un sexe d'une taille supérieure aux autres membres. Il vit aussi le sexe de sa femme, tout englué de sperme, Elle avait les poils pubiens figés dans le visqueux liquide pas encore tout à fait asséché. Ce sexe était lui aussi obscène, les lèvres ouvertes et distendues racontaient l'ardeur des asseaux. Parcourant son corps du regard, Il vit un peu partout sur Elle, les traces visibles de semence étalée, sur ses seins, son ventre ou ses fesses.
Le tableau qu'Il avait sous les yeux lui souleva le cœur. Des spasmes montant de son ventre, Il fit demi tour et Il s'enfuit pour aller vomir dans le lavabo le plus proche. Il fit couler l'eau longtemps et s'en aspergea le visage. Petit à petit Il revint à lui et Il redescendit dans le patio retrouver un peu d'air et de lumière.
Ce fut là que leur hôte le trouva, sur le coup de midi. Feignant la jovialité, le marin vint au devant de lui les bras ouverts. Le grec lui demanda S'il avait passé une bonne nuit et lui fit comprendre qu'une promenade en bateau était programmée pour la journée. Il voulu protester mais le marin était si souriant, si désarmant qu'Il finit par céder en battant des bras en signe d'impuissance.
Vous êtes repartis en mer, vous en aviez presque la nausée de ces promenades en caïque, vous ne vous êtes presque pas regardé ni parlé, n'osant vous jeter que de brefs regards à la dérobée. Les marins étaient comme à leur habitude, gais et volubiles. Ils ne se cachaient plus pour peloter ouvertement la jeune femme qui ne disait rien, qui souriait gênée quand une main rude lui prenait les fesses ou les seins. Parvenus au large, les hommes se sont mis nus et par jeux, ils vous ont mis nus aussi et l'hystérie les a gagné peu à peu. Rien ne les retenait plus et les rires gras qu'ils proféraient quand ils touchaient la fille en disaient longs sur leurs intentions. Elle se laissait faire sans trop protester, il est vrai qu'ils mêlaient leurs gestes de gentillesse et de sourires. Lui, Il regardait tout cela effaré, ne comprenant plus le sens de tout cela, dépassé et infiniment dégoûté de sa lâcheté. Il finit par s'allonger sur le banc arrière et Il ferma les yeux, abandonnant la partie aux marins qui se sentirent enfin libre d'user et d'abuser du corps de la jeune épouse.
Ils ne s'en privèrent pas, l'après midi toute entière ne fut qu'une orgie sans fin entrecoupée de baignades dans les eaux turquoises des criques ombreuses. Chacun des hommes la prit au moins trois fois, lui demandant de longues fellations quand ils venaient à fléchir. Elle s'acquittait de ces jeux pornographiques avec une volonté marquée proche d'un plaisir qui finissait par prendre le pas et l'amenait à crier sa jouissance entre les parois brutes des falaises.
Plus tard, l'un des compères a sorti d'une sacoche de cuir un appareil photo polaroïd et dans un grand désordre de cris et de rires ils ont fait des photos où ils se pressaient contre la femme, lui flattant le sein ou les mains perdues entre ses cuisses. Ils se sont même pris en train de lui faire l'amour, chacun leur tour.
Vers le soir, Il aperçu son épouse, à quatre pattes sur le bas flanc de la cabine, Elle était prise par le plus vieux et le plus membré des trois. En même temps Elle suçait ardemment leur hôte qui visiblement appréciait le spectacle des corps déchaînés. Le troisième marin encourageait du geste et de la voix le trio obscène.
Il a regardé le spectacle hors norme, puis Il a détourné les yeux, se demandant quand cela se terminerait.
Il faisait nuit quand le caïque a abordé le quai. Le quatuor était repu de soleil et de fatigue. Ils se sont engouffrés dans la maison sombre du marin. Cette nuit là fut plus calme, chacun tenant à récupérer après une journée si agitée.
Le petit matin le trouva les yeux ouverts dans le noir, Il avait passé une nuit horrible, agitée de cauchemars. Cette fois Il sentit la présence de son épouse contre lui. Lentement, Il bougea et se remit debout, gagnant la porte sans bruit. Peu après Il déambulait sur le quai désert où les caïques se balançaient mollement. Le jour pointait à peine et barbouillait de rose l'univers de ce petit port. La tête vide, Il suivait machinalement son chemin lorsque son regard fut attiré par un homme passant sa tête par la trappe de visite du moteur d'un bateau à quai.
Dans le petit matin vide, les deux hommes se sont jaugés, Il a regardé les mains pleines de cambouis de son vis-à-vis et soudain Il a eu une illumination. S'avançant vers l'homme, Il lui a fait comprendre qu'Il aurait besoin de son aide. L'autre l'a écouté, puis il a hoché la tête en souriant. Alors, Il l'a entraîné le cœur battant vers la petite Fiat abandonnée sous les platanes. Le mécano a plongé son nez sous le capot, touchant les uns après les autres les organes du moteur de la voiture avec un air concentré et les gestes précis. Il le regardait en retenant son souffle, ses yeux suivant les mouvements du grec. Enfin celui-ci a levé le nez en souriant, il venait juste d'enfoncer d'une pression, les fils de bougies de la voiture. Il a demandé au jeune touriste de mettre le contact, mais la batterie était désespérément vide. Il a fait comprendre qu'il avait la solution et il s'est éclipsé d'un pas agile pour réapparaître peu de temps plus tard, traînant une batterie de secours. Il a opéré le branchement et dans le jour nouveau, le moteur de la petite Fiat s'est mis à vrombir dans le matin clair.
Après avoir remercié chaleureusement son bienfaiteur, Il a bondi dans la maison, atteignant la chambre Il a réveillé son épouse, lui chuchotant à l'oreille leur bonne fortune, Elle a bondi du lit. Sans bruit, ils ont rassemblé leurs affaires en vrac et ils sont sorti dans le matin clair. En passant près de la table, Elle a vu en désordre, les photos prises la veille sur le bateau, Elle a raflé les clichés et ils ont couru vers la petite voiture qui ronronnait doucement à l'ombre.
Jamais embarquement ne fut plus rapide, ils s'engouffrèrent dans le petit habitacle et démarrèrent sur le champ, filant à travers le port, laissant derrière eux le souvenir fétide de leur lune de miel, reprenant la route serpentine en sens inverse, sans un regard au paysage grec émergeant de la nuit.
Sans un mot l'un pour l'autre, vous avez parcouru votre chemin jusqu'à Patras, les dents serrées le regard droit devant, ne voyant que la route avalé par le capot de la voiture.
Vous avez repris sans émotion le billet du retour. Sur le ferry, vous vous êtes un peu détendu et vous avez consenti à vos premiers regards. Vous avez lu dans vos yeux la détresse d'un paradis perdu, confusément vous avez senti que votre vie s'était brisée là sur le petit port grec.
La route à travers l'Italie fut bien longue. Le soleil vous semblait désormais un fardeau que vous traîniez à vos trousses. Une interminable et monotone chevauchée dans le bourdonnement sourd du moteur de l'auto. Même la frontière française n'a pas déridé vos visages, le même soleil vous coulait du plomb fondu dans les veines et il vous tardait de retrouver la fraîcheur de contrées plus tempérées.
Au dessus de Lyon, le temps devient plus nuageux, plus humain peut être. Petit à petit la détente s'est installée entre vous, la tension s'est estompée. Tout cela semblait si loin maintenant.
En étiez vous convaincu au fond de vous-même? La jeune femme garderait dans sa chair la marque indélébile d'un viol qui n'avait pas dit son nom. Le jeune homme serait mortifié et humilié à jamais dans son orgueil de mâle.....
Et moi je me suis toujours demandé pourquoi.... pourquoi ce peu de ressemblance entre moi et mes parents? Pourquoi suis-je si brun alors qu'ils sont plutôt châtains clairs et qu'il en est de même pour mes autres ascendants? Pourquoi suis-je le fils unique de cette famille, alors que mes parents auraient tant voulu un second enfant et qu'ils n'ont jamais pu le concevoir?
Pourquoi suis-je monté ce jour de pluie dans le grenier familial? Pourquoi ai-je ouvert cette malle pour la vider de son contenu? Que fais je là avec ces vieux polaroïds à la main?
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