Connaissant bien mon épouse, je savais que si j'arrivais, la fleur au fusil, j'allais être reçu comme un chien au milieu d'un jeu de quilles. Il me fallait donc trouver un subterfuge afin d'amener subtilement l'idée qui m'avait foudroyé.

L'écriture ! Il m'était arrivé de lui écrire des contes érotiques nous mettant en scène et elle les prisait énormément. Alors je me mis à écrire. Je la mis en scène, me faisant une surprise, sortant pour aller faire des courses mais allant en réalité rejoindre un amant dans un hôtel, sans rien me dire. Sur place et en tenue, elle m'appelait en visio et ayant coupé le son de son côté pour mettre court à mes éventuelles protestations, s'adonnait aux joies du sexe en compagnie d'un bel étalon, ne m'épargant aucun détail de leurs ébats torrides.

J'y évoquais mes émotions, mes sentiments pour elle et j'étais tellement absorbé par l'écriture que le texte semblait être animé d'une vie propre tant tout était si réel.

Lorsque je fus satisfait du résultat, je lui envoyai par mail et attendis sa réponse. Qui ne vint pas. J'étais en voyage à cette époque et je dus attendre notre coup de fil du soir pour essayer d'en savoir un peu plus. Et je reçu une volée de bois vert. Quand elle comprit où je voulais en arriver, elle avait stopé la lecture, voyant dans mon bel étalon... un de ses collègues de travail qui ne l'excitait pas du tout (il n'y avait en réaité aucune ressemblance et rien de voulu là-dedans).

Déconfit, je tirai un trait sur mes aspirations, malgré la flambée de désir que cela provoquait en moi à chaque pensée.

Mais c'était trop fort, et je finis par m'y remettre. Prenant en compte ses observations, je réalisai quelques modifications et ajoutai une seconde partie décrivant nos retrouvailles. Au total, plus de 23 pages ! Et de nouveau je lui envoyai par e-mail. Et de nouveau pas de réponse. Cette fois, j'avais rusé. Je lui avais demandé de bien vouloir lire jusqu'à la fin car je voulais son avis sur la forme, le style de mes écrits. Et elle lut. Mais n'aima pas. Enfin, la première partie. La seconde, les retrouvailles, elle avait adoré.

Dépité, je remisai ces idées dans la geôle de l'oubli et essayai de passer à autre chose.

Mais le vers avait changé de pomme...